Rosans et le Rosanais

Vue du village de Rosans depuis les hauteurs

La guerre de 1914 – 1918


Une catastrophe pour l’Europe, une catastrophe pour Rosans

La Grande guerre, qui devait ne durer que quelques mois, va durer 4 longues années pendant lesquelles les hommes vont vivre un véritable enfer. À quatre pattes dans la boue des tranchées, ils vont mener une guerre à laquelle ils ne comprennent plus rien. Pourquoi, pour qui ?

En France en 1914, l’Armée qui est forte d’environ 750.000 hommes, repartis en 21 corps d’armée, passe à 3.500.000 hommes après mobilisation. Les bases de la conscription reposent sur la nouvelle loi sur le recrutement de l’armée adoptée le 7 août 1913, qui porte la durée du service militaire à trois ans et ramène l’âge d’appel de 21 à 20 ans. Ce ne sont plus deux classes d’âge mais trois qui sont appelées sous les drapeaux, pour renforcer, selon le plan de Joffre, la force immédiatement disponible en cas « d’attaque brusquée ».

Durant quatre ans, la conscription permet aux armées de recruter huit millions d’hommes dont 1,8 million de jeunes gens des classes 1914 à 1919. Toutes les classes, de 1887 (appelée entre mars et août 1916) à 1919 (appelée en avril 1918) sont mobilisées.

Parmi les classes 1914 à 1919, la quasi-totalité des jeunes hommes recensés est recrutée dans les armées. Ils sont, pour la classe 1914, 318 464 inscrits, 292 447 incorporés en octobre 1914, soit une proportion de 91,8 %. Pour la classe 1917, appelée en janvier 1916, ils sont 313 070 inscrits, 297 402 incorporés, soit une proportion de 94,9 % !

Voici les témoignages de deux de mes oncles, qui en 1915 semblent trouver le temps long. Ils ont heureusement survécu aux quatre années de guerre. Mais leur confiance en ceux qui gouvernaient la France est restée au fond des tranchées.

Ma petite sœur

Si je suis tué tu ne pleurera pas cela ne servirait de rien tu conserveras ma tête en souvenir qui est encore entière au bout de cinq mois de guerre

fait en repos dans les Vosges le 4 janvier 1915

Albert Sarrazin, Corréo, La Roche-des-Arnauds

Ma chère belle sœur

tu ne diras plus que je ne fais jamais de cadeaux tu vois je t’envoie la binette de quatre poilus, et puis de vrais poilus ayant passé plus de huit mois dans les tranchées mais qui ils en ont assez

j’ai reçu des nouvelles de Marie me dit tout le monde se porte bien, et je pense que tu es peut être la plus malade. oh ! non c’est moi , il pleut et je vais me mouiller pour rentrer.

Jean Cointe, fondateur de la quincaillerie Cointe à Gap.

Les pertes humaines s’accumulent, les offensives se succèdent, puisant dans les dépôts de l’arrière les dernières réserves en hommes. Dès l’hiver 1914-1915, le ministère de la Guerre fait appel aux classes par anticipation, incorporant la classe 1915 en décembre 1914 au lieu d’octobre 1915, la classe 1916 en avril 1915, et ainsi de suite jusqu’à la fin de la guerre. La phase de recensement et d’examen des jeunes conscrits, qui dure en temps de paix six mois, est réduite à trois mois pour accélérer la procédure des incorporations.

Les lois Dalbiez du 17 août 1915 et du 20 février 1917 permettent d’examiner une nouvelle fois des hommes qui avaient été écartés de leurs obligations militaires, parfois quinze ou vingt ans auparavant. Certains exemptés ou réformés de la classe 1914 sont rappelés devant le conseil jusqu’à cinq fois entre 1914 et 1918 ! Parmi les hommes reconnus avant août 1914 inaptes à servir dans les armées, 60 % d’entre eux sont récupérés dans les différents services, soit 1 187 497 hommes sur un total de 1 993 524. Quant aux réformés, ajournés et exemptés appartenant aux classes 1915 à 1919, 48 % d’entre eux sont intégrés dans les armées, soit un total de 335 987 sur 698 589.

En Allemagne, l’armée active compte 870.000 hommes pour 67 millions d’habitants, partagée entre l’Est (face aux Russes) et l’Ouest (face aux Français). Elle est portée à 3.800.000 d’hommes après mobilisation.

8 millions de morts (dont 1.400.000 pour la France) témoignent de l’horreur exceptionnelle de cette guerre, sans précédent, dans un continent qui avait réuni au XIXe siècle tous les atouts de la prospérité, de la grandeur et de l’harmonie. Les États sont ruinés et font appel à des contributions pour pourvoir financer le combat.

Voici une récapitulation, par camp et pays, des chiffres significatifs, montrant l’inanité du conflit.

PaysHommes mobilisésMortsBlessésPrisonniers et disparusTotal des pertesPertes en pourcentages
Russie12 000 0001 700 0004 950 0002 500 0009 150 00076,3
France8 410 0001 357 8004 266 000537 0006 160 80073,3
Britannique8 904 467908 3712 090 212191 6523 190 23535,8
Italie5 615 000650 000947 000600 0002 197 00039,1
États-Unis4 355 000126 000234 3004 500350 3008,0
Japon800 000300907_1 2100,2
Roumanie750 000335 706120 00080 000535 70671,4
Serbie707 34345 000133 148152 958331 10646,8
Belgique267 00013 71644 6863 46593 06134,9
Grèce230 0005 00021 0001 00027 00011,7
Portugal100 0007 22213 75112 31833 29133,3
Monténégro50 0003 00010 0007 00020 00040,0
Alliés total42 188 8105 152 11512 831 0044 121 09022 089 70952,3
Allemagne11 000 0001 773 7004 216 0581 152 8007 142 55864,9
Autriche-Hongrie7 800 0001 200 0003 620 0002 200 0007 020 00090,0
Turquie2 850 000325 000400 000250 000975 00034,2
Bulgarie1 200 00087 500152 39027 029266 91922,2
Empires centraux total22 850 0003 386 2008 388 4483 629 82915 404 47767,4
TOTAL GÉNÉRAL65 038 8108 538 31521 219 4527 750 91937 494 18657,6

Et la plupart des victimes se sont retrouvées dans des ossuaires, dans des cimetières.

Le territoire national français compte 265 cimetières classés « nécropoles nationales », cela représente 330 hectares sur lesquels reposent 730.000 combattants. La France compte, en plus, dans des cimetières civils, 3.200 carrés militaires, contenant 115.000 corps.

Pour l’Empire Britannique, 1.700.000 hommes et femmes furent tués pendant les deux guerres mondiales. Plus de 900.000, dont 200.000 non identifiées, ont une tombe individuelle. Les sépultures du Commonwealth se localisent dans 140 pays différents.

Ci-contre, le Cimetière français de Bitola en Macédoine.

Les tombes, au nombre de 6262, sont surmontées d’une croix (ou d’un croissant pour les soldats musulmans).

Des tablettes tricolores, portant chacune le nom d’un soldat, leur sont fixées. Le monument mémorial, en marbre blanc en forme de pyramide tronquée, renferme les restes de 7000 soldats non identifiés.          

 Mon oncle Adolphe Bégou a été inhumé dans ce cimetière, avant d’être ramené à Rosans, en 1923.

Venons en à Rosans, avec la liste des victimes de la guerre, telle qu’elle figure sur le monument au morts, ci-contre.

Au recensement de 1906 il y avait 666 habitants à Rosans, dont 335 en âge de porter les armes (164 de 20 à 39 ans, 171 de 40 à 59 ans).

Vingt six Rosanais (8 %), dont certains avaient à peine vingt ans, ont laissé leur vie sur les champs de bataille de France, et pour au moins l’un d’entre eux en Serbie, maintenant la Macédoine : deux en 1914, deux en 1915, neuf en 1916, trois en 1917, huit en 1918, deux en 1920 des suites de blessures.

Leurs noms, inscrits sur le Monument aux Morts, commencent à s’effacer, mais leurs familles ont reçu en son temps un beau diplôme en couleur.       

Ce ne sont pas seulement des noms inscrits sur la pierre, noms que l’on égrène une fois par an, mais des hommes qui ont eu une vie très courte, terminée dans la souffrance et les malheurs, aussi bien pour eux que pour leurs proches.

J’ai essayé de retrouver leur cheminement pendant la guerre, et quand c’est possible, leur lieu de repos éternel.

 Trois sites permettent de trouver les renseignements utiles :

À propos des Monuments aux morts, peu de gens savent que leur érection est la première opération de marketing et d’intoxication d’envergure nationale. En effet, ce sont les marbriers du nord de la France qui sont à l’origine de cette initiative, en demandant à un Député de leurs amis de faire à l’Assemblée Nationale, au cours d’une déclaration patriotique enflammée, la proposition de construire un monument aux morts dans tous les villages de France.

Tous les marbriers du pays entrèrent aussitôt dans la course, faisant le siège des maires, utilisant les rivalités entre les villages, pour leur faire prendre les décisions, et ainsi arriver à leurs fins. Leurs constructions ne sont pas toujours très esthétiques et jurent souvent là ou elles sont édifiées. Mais les marbriers ont reconstitué leur chiffre d’affaires, affaibli par la guerre.

La situation financière des municipalités très éprouvée après 4 ans de guerre n’avait pas été prise en compte. Prenons l’exemple du Poët, commune de 527 habitants, du sud du département des Hautes Alpes.

Le devis en décembre 1924 s’élevait à 9324,66 francs, établi par les Établissement Roux de Gap, suivant les plans de Vollaire Joseph, architecte à Gap. La commune avait voté une subvention de 1000 francs deux années de suite, soit 2000 francs. La souscription auprès de habitants du village s’était élevée à 5085 francs : il manquait donc à cette date 2298 francs pour assurer le financement. Une demande de subvention avait été demandée en Préfecture : A-t-elle été accordée ?

 À Laragne la municipalité n’avait pas reçu le devis en février, l’architecte, débordé l’avait promis en mars : à ce stade la souscription avait donné 1300 francs. La mairie avait provisionné 100 francs en 1920, 1500 francs en 1922.

La guerre de 1914 – 1918 vue de Rosans

J’ai récapitulé dans le tableau ci-dessous tous les renseignements concernant les soldats morts pour la France, retrouvés sur les différents documents existants. J’ai consacré plus loin un chapitre à chacun de ces soldats, dont certains, enfants de l’Assistance Publique, étaient venus très jeunes à Rosans.

SoldatsDates de naissanceDate de décèsLieu des décèsLieu des sépultures
Souvoux Blaise09/02/189030/10/1914Montchy le Preux (62)ossuaire ?
Armand Didin12/11/188126/11/1914Vooermezele (Belgique)?
Samoil Alexandre18/07/1886 Montjay01/06/1915Zulzendorf (Barenkopf ) (67)
Armand Félix11/10/188618/09/1915Hôpital mixte d’Embrun (05)Embrun
Lagier Élie07/12/188218/03/1916DouaumontOssuaire de Douaumont
Galland Louis14/03/188631/03/1916VauxOssuaire de Douaumont
Mouton Paul16/06/189507/05/1916ravin de la Dame ThiaumontOssuaire de Douaumont
Richaud Félix28/05/189027/05/1916ferme de ThiaumontOssuaire de Douaumont
Scouarnec André19/05/1887 à Toulon (AP)27/06/1916secteur de Terre froide à ThiaumontOssuaire de Douaumont
Andru Aimé07/02/189503/08/1916secteur de TavannesOssuaire de Douaumont
Gaud Albert11/01/189522/07/1916Ambulance 1/20 à  EtinehemNécropole d’Etinehem (376)
Bégou Émile31/12/189612/09/1916Maurepas (80)Rosans le 14/06/1923
Cornillac Henri15/06/1896 à L’Epine22/10/1916Biaches (80)Ossuaire de Biaches
Bégou Adolphe30/01/189416/03/1917Leskavets (Macédoine)Rosans le 28/05/1923
Arnaud Émile07/05/1871 ?aucune traceni sur « mémoire des hommes »ni à la mairie de Rosans
Pieroni Louis23/09/1890 à Marseille (AP)27/10/1917au bois 60 à  Vauxaillon (02)Nécropole du bois Roger à Ambleny (02) carré H tombe106
Galland Firmin01/10/187830/01/1918RosansRosans
Béraudon Martial12/11/1898 à Marseille (AP)31/03/1918Vrigny (51)Ossuaire ?
Pinet Frédéric20/05/188725/07/1918 à 1 hJaugonne (02)Nécropole n°2 de Soupir(02) tombe n° 977
Bourdellon Ernest14/01/188512/08/1918Ambulance 224 à Epineux (60)lieu non précisé
Lombard Léon14/07/189529/09/1918RosansRosans
Bernard Alfred04/03/1879 à Establet (26)06/10/1918 à 10 hNeuville Saint Amand (02)Ossuaire ?
Souvoux Charles02/08/189819/10/1918St Nicolas de Port (54)NN Noviant aux Prés (2246)
Pellat Amédée30/03/1876 à Montjay25/11/1918RosansRosans
Sinard Louisné à  Marseille (AP).1920 ?Hôpital militaire à  LyonLyon
Peyre Theophile15/03/189521/07/1920RosansRosans
Pelloux Ernest08/08/188611/12/1929RosansRosans

Avant de s’intéresser à la guerre dite de 14, il convient de consacrer quelques lignes à la guerre de 1870, et en particulier rappeler la mémoire de Pierre Antoine Jouve, décédé du typhus le 28 mars 1871 à Roggenburg en Allemagne, peut-être fait prisonnier par les Allemands à Sedan en septembre 1870. Né à Rosans, le 1 avril 1849, il était fils de Jean Pierre Jouve et d’Agnès Martin.

Revenons à cette terrible guerre de « 14 » qui a fait des coupes sombres dans la population du village. Quatre familles Souvoux, Galland, Armand et Bégou ont perdu deux des leurs dans cette guerre et presque chacune d’elles un fils de vingt ans.

D’abord les Souvoux

Souvoux, Blaise, l’aîné, né le 9 février 1890, fils de Pierre et Marie Reynier, incorporé au 159° régiment d’Infanterie Alpine, cantonné à Briançon. Il participa aux opérations d’Alsace, en août 1914, puis son régiment semble s’être déplacé en Champagne, et vers l’Artois. Il est mort le 30 octobre 1914, à Montchy le Preux (Pas de Calais). Son corps, non identifié repose dans un ossuaire.

Souvoux Charles, le cadet, né le 2 août 1898 était affecté au 161° régiment d’Infanterie, dit « des Portes de Fer », sera incorporé en 1917. Ce régiment, encaserné à St Mihiel, en 1914, appartenait à la 80e Brigade d’infanterie; 40e Division d’infanterie, d’août 1914 à nov. 1918; 6e Corps d’Armée. Ses participations, en 1914 Retraite des 3e et 4e Armées : Joppécourt , Fillières (fin août). Retraite et prélude à la bataille de la Marne : Cierges-Montfaucon (2 septembre). Bataille de la Woëvre et des Hauts-de-Meuse: La Croix sur Meuse (22 -24 septembre). En 1915 Opérations en Argonne (mai – novembre) : Bagatelle Ravin du Mortier. Bataille de Champagne : nord de Saint Hilaire Le Grand (25 – 30 septembre). en 1916, Bataille de Verdun : Mort-Homme (février – mars) Cumières (avril) Bataille de la Somme : Rancourt , Sailly – Saillisel (6 octobre 1916). En 1917 côte 108 Sapigneul (17 avril) Verdun, Vaux , Haudremont . En 1918 Marne et Ardennes : Champlat, Vouziers, Sedan. Ce qui représente pas mal de « tourisme », pas mal de souffrances et de soucis. Charles du fait de son incorporation « tardive », en 1917, ne suivit pas tout ce cheminement, mais il y gagna quand même, médaille militaire et croix de guerre. Il est mort à l’hôpital de St Nicolas de Port (Meurthe et Moselle) le 19 octobre 1918, des suites de ses blessures. A 23 jours près il rentrait à Rosans reprendre sa vie tranquille. Son corps, identifié, repose dans la nécropole nationale de Noviant-aux-Prés, en Meurthe et Moselle, sous le numéro 2 246.

Ils étaient les frères de Septime, qui fut longtemps adjoint au Maire de Rosans, et de Rachel, mère de Pierre et André Garcin.

Ensuite les Galland

Galland, Joseph Firmin, né le 1 octobre 1878, fils de Antoine et Marie Gardon, fut incorporé au 107e régiment d’Artillerie Lourde, deuxième compagnie. Il y avait très peu d’Artillerie Lourde : moins de 300 canons en 1914. Je n’ai pas trouvé son cheminement. Il est mort à Rosans, le 30 janvier 1918, et déclaré mort pour la France.

Galland Louis Frédéric, frère cadet de Joseph, ci-dessus, né le 14 mars 1886, fut incorporé au 158e Régiment d’Infanterie, caserné à Lyon, et affecté à la 43e Division d’Infanterie pendant toute la guerre. C’est en Alsace qu’ils commenceront fin août la guerre, participants aux opérations des 1e et 2e Armées à Saint Blaise et La Chipotte. Puis du 15 au 21 septembre à la course à la mer vers Suippes et Souain. Ce régiment participera fin octobre 1914 à la bataille des Flandres en Belgique : Hollebecke et Zonnebecke. Et en septembre 1915 à la bataille de l’Artois, à notre Dame de Lorette, au Bois en H, à Givenchy en Gohelle. C’est au cours de la bataille de Verdun, le 31 mars 1916, qu’il fut tué à Vaux, devant Danloup. Son corps ne fut sans doute jamais retrouvé car la mairie de Rosans a été avisée de la décision du tribunal de Gap, prise le 31 mars 1921, qui le déclare mort pour la France. Il doit reposer, anonyme, dans l’Ossuaire de Douaumont.

La « course à la mer », du 18 septembre au 19 octobre 1914, fait référence à la volonté de l’état major allemand de déborder les armées alliées par leur gauche, pour les prendre à revers, et à la volonté du commandement allié de ne pas se laisser contourner. La course s’arrêtera à la mer du Nord, et après beaucoup d’efforts inutiles, de pertes sévères, la guerre entrera dans l’immobilisme de la guerre des tranchées.

Puis les deux frères Armand, qui furent rapidement mis hors de combat

Armand Didin Désiré, né à Rosans le 12 novembre 1881, fils de André et Marie Basset, fut incorporé à Gap au 157° régiment d’infanterie qui faisait partie de la 44° Division d’Infanterie. Il participa en 1914 aux opérations d’Alsace, puis à la Bataille des Flandres. Il fut tué d’une balle à la tête le 26 novembre 1914, à Vooermezele en Belgique, au nord-ouest de Lille. Rien n’indique où il a été inhumé. 

Armand Félix, né le 11 octobre 1886, fils de François André et Marie Basset, des Millets, fut incorporé au 12e bataillon de chasseurs alpins, à Embrun. Ce bataillon fera partie de la 66e, puis de la 47e Division d’Infanterie. Présent dans les opérations d’Alsace dés 1914, il participera à la course à la mer à Fontconcours, et Herlevlle, les 25 et 26 septembre. Puis en mars 1915 dans les Vosges à Reichackerkopf, aux opérations au Linge, en juin. Il est décédé à l’hôpital mixte d’Embrun le 18 septembre 1915, des suites de maladie.

Aucun des deux n’a de fiche sur le site « mémoire des hommes ».

Enfin les Bégou

Les deux frères Bégou, Émile et Adolphe, « restitués » (c’est ainsi que l’armée définit cette situation) reposent dans le coin sud-est du cimetière du village. Ils étaient six garçons, tous mobilisés, et une fille, Marie, qui épousa Raoul Brun, un mutilé de guerre, privé d’un bras. Leur frère Joseph, mon père, a fait revenir leurs corps, après la fin de la guerre. Ce dernier, né en 1891, incorporé à Bizerte, en Tunisie, dans un régiment de zouaves, fut ramené en France, fin juillet 1914, au camp de Sathonay, dans la banlieue de Lyon, et affecté au 3e Zouave. Ce régiment rejoignit par le train le 15 août, Soissons et Tournes, puis il entra en Belgique et participa à la bataille, puis à la retraite de Charleroi, dirigée par le général Lanrezac, très controversé. Joseph fut blessé, lui, sur la Marne le 21 janvier 1915 (perte de l’œil droit), le pantalon des zouaves, d’un rouge très soutenu, le rouge garance, attirait facilement l’œil des allemands. Il revint à Rosans, démobilisé en juin 1915, avec sa médaille militaire et sa croix de guerre, qu’il ne porta jamais. L’uniforme, après 1916, devint beaucoup plus discret, comme on le voit ci-dessous.

Uniforme des zouaves avant 1916
Uniforme des zouaves après 1916

Bégou Émile Sylvestre, né à Rosans, le 31 décembre 1896, fils de Édouard et de Sylvie Sauvaire, incorporé au 360° régiment d’infanterie, constitué de 2 bataillons en 1914, puis de 3 en juillet 1916 (adjonction d’un bataillon du 237e RI), rattaché à la 70e DI d’août 1914 à nov. 1918. Ce régiment a participé en 1916 à la Bataille de Verdun, à l’ouest de Douaumont (22 mars – 2 avril), mais Émile n’était pas encore arrivé. Puis à la Bataille de la Somme : Ommécourt (5 septembre) , bois des Berlingots (12 septembre). La bataille de la Somme, commencée le 20 juin par une préparation d’artillerie, fut lancée le 1er juillet 1916 à 7 h 30 précises. Plus d’un million d’hommes, et 200 000 chevaux seront engagés dans la bataille, Anglais, Allemands, et Français confondus. Le 2 au soir, les pertes s’élèvent à 58 000 hommes, dont 20 000 tués. Ce qui fait beaucoup, pour un très faible résultat. La bataille continue en août, et en septembre une nouvelle offensive est lancée. Les Français occupent Bouchavesnes, Rancourt, Cléry-sur-Somme , Déniécourt, Vermandovillers et, plus au sud, Chilly. Leur avance maximum sera de 4 à 5 km. Émile sera tué le 12 septembre 1916 – Il n’avait pas 20 ans – à Maurepas, dit la fiche officielle, à Cléry ( Somme ) sur le registre de Rosans et fut inhumé à Rosans le 14 juin 1923 . Il n’a dû rester au front que quelques semaines. Appelés en avril 1915, incorporés dès juin, puis formés en quelques semaines, ces jeunes de la classe 1916, furent envoyés au front sans suffisamment d’entraînement, et beaucoup trop y laisseront leur vie.

Bégou Adolphe, caporal, né à Rosans le 30 janvier 1894, fut incorporé au 227e régiment d’infanterie. Ce régiment, encaserné en 1914 à Dijon et composé en grande partie de bourguignons, fut mis à la disposition de juin 1915 à novembre 1918 de la 76° Division qui appartenait au 8e corps d’armée. Il participa du 5 au 8 avril 1915 à la reprise de l’offensive au Bois de Mort-Mare. Puis en 1916, les 28 et 29 mars, et du 9 au 11 avril, à la bataille de Verdun, au bois de Malancourt. Ce régiment, après ce séjour à Verdun, où la température était de – 20°C, fut transféré à Salonique. Heureux d’échapper, en France, à la nouvelle offensive de Nivelle, Ils prirent position au col de Pisoderi, balayé par un terrible blizzard, avec une température de – 36°C. Pisoderi, à 1700 m d’altitude, est maintenant une station de sports d’hiver. Ce col se trouve au nord de Florina, entre cette ville et Bitola (à l’époque Monastir).

Un soldat qui fut blessé quelques jours avant la mort d’Adolphe, écrivit dans son journal de bord « le panorama est superbe, à l’ouest le lac de Presba, aux eaux d’un bleu noir, apparaît encaissé entre de hautes montagnes, couronnées de neige. Dans le lointain les pics désolés et neigeux de l’Albanie. » Couverts de peaux de mouton, de cache-col en laine, coiffés de passe-montagne, une armée envahit Koritza, que les allemands viennent de bombarder. Des buffles traînent lentement la roulante (cuisine) régimentaire, les chevaux sont à bout de résistance. Les hommes, dit André Ducasse, cherchent du bois vert pour éloigner les loups. 

Les vivres et les munitions parviennent difficilement dans les postes, à dos d’âne ou de mulet. Les brancardiers, tirant leurs blessés sur des civières transformées en traîneaux, mettent parfois 24 heures pour atteindre un poste de secours. Du 11 au 18 mars 1917, les attaques se déroulent sous des pluies torrentielles, des bourrasques de neige balayant les hauteurs. Les pertes en hommes, des deux cotés, sont effroyables, tant par maladies, qu’au combat. 4000 hommes perdus pour la cote 1248. Le cimetière de Bilota compte 6262 tombes de soldats, et dans un mémorial, 7000 soldats non identifiés.

Adolphe fut tué à Leskavets, près du lac de Presba, en Macédoine, le 16 mars 1917 – Il venait d’avoir 23 ans – il fut d’abord inhumé au ravin de Leskavets, puis ramené à Rosans, le 28 mai 1923. C’est lui qui aurait dû reprendre l’auberge familiale sur la place et faire souche à Rosans. Il avait planté avant son incorporation, avancée en 1914, le rosier qui se trouve à deux pas du monument aux morts, au coin de l’escalier de la Poste.

Personne, même de leur famille, ne dépose jamais la moindre rose, même de leur rosier, sur leur tombe, et les autorités du village ont toujours oublié leur présence au cimetière.

Plaque commémorative Adolphe et Émile BÉGOU

Les autres soldats morts pour la France, suivant l’expression consacrée, sont indiqués ci-dessous, dans l’ordre de leur inscription sur le monument aux morts de Rosans. En commencent par Samoil, mort en 1915, parent de la sage-femme du village, puis la grande série des morts de 1916.

Samoil Alexandre

Samoil Alexandre, né le 18 juillet 1886 à Montjay, fils de Joachim et de Joséphine Reynaud, fut incorporé au 12e bataillon de chasseurs alpins, caserné à Embrun. Ce bataillon fera partie de la 66e, puis de la 47e Division d’Infanterie. Présent dans les opérations d’Alsace dès 1914, il participa à la course à la mer à Fontconcours et Herleville, les 25 et 26 septembre. Puis en mars 1915 dans les Vosges à Reichackerkopf, aux opérations au Linge, de juin à la date de sa mort, le 01 août 1916 au Barenkopf, près de Zutzendorf (67), en Alsace, à 20 km à l’ouest d’Haguenau. Il ne semble pas que l’on ait identifié son corps.

La bataille de Verdun

Six soldats originaires de Rosans sont morts pendant la bataille de Verdun, qui dura 300 jours, du 21 février 1916 à la fin décembre 1916. Elle coûta la vie à 162 060 Français, et à 143 000 Allemands. 225 717 Français et 170 000 Allemands y furent blessés. Le commandement allemand voulait fixer l’armée française et percer nos lignes. Ils alignèrent 72 bataillons et 12 000 canons, contre 36 bataillons et 632 pièces pour la France. La résistance et la bravoure des Français leur valurent l’admiration du monde entier.

Le commandement français ayant jugé que les forts étaient devenus sans intérêts pour la guerre, les avait désarmés en 1915. Le fort de Douaumont, pris dès le 21 février, servit de base formidable aux Allemands. Il ne fut repris que le 24 octobre par un régiment Marocain. Celui de Vaux ne tomba que le 7 juin, après une résistance héroïque, une pénétration partielle des Allemands leur avait coupé tout approvisionnement, principalement l’eau. Il fut repris le 3 novembre.

L’Ossuaire de Douaumont (août 1932) contient les restes de 130 000 soldats non identifiés, de toutes nationalités. Le cimetière militaire, situé au dessous, contient 15 000 soldats français identifiés.

La photo de droite montre une partie du champ de bataille, autour de la ferme de Thiaumont. Cette ligne de crête était une position clé, qui fut prise et reprise de nombreuses fois, d’où de nombreuses pertes des deux cotés.

Ces six soldats, les cinq soldats ci-dessous, mais aussi Galland Félix, vu précédemment, sont morts autour de la ferme de Thiaumont. Ils reposent, tous non identifiés, dans l’ossuaire de Douaumont.

Lagier Charles, fils de Louis et Marie Pic, né le 7 décembre 1882, incorporé à Grenoble au 140e Régiment d’infanterie. 53e Brigade d’infanterie; 27e Division d’infanterie d’août 1914 à nov. 1918; 14e Corps d’Armée – 1914 Opérations dans les Vosges : Schirmeck , Wish Vers Morhange (19-20 août) .Les Victoires de Lorraine :Zimmerlinskopf , la Meurthe, Bataille de la Marne (6 – 13 sept.) : St Remy (10 sept.) Course à la mer : Vermandovillers , Chaulnes , Lihons (21-24 sept.) le Quesnoy en Santerre (1 nov.) 1915 Offensive d’ Artois (9 mai) Artois : Hébuterne (6-8 juin) Bataille de Champagne : Tahure (25 sept.) – 1916 Bataille de Verdun : Douaumont , Bois de la Laufée , Vaux , Chesnois (juillet-oct). C’est à Douaumont qu’il fut tué le 18 mars 1916, le signataire de l’avis envoyé à la mairie signale qu’il a été impossible de vérifier le décès, mais on ne peut plus avoir de doutes aujourd’hui. Il avait avant de rejoindre son lieu de mobilisation, redigé son testament, par lequel il cédait tous ses biens à la famille Pinet, chez qui il demeurait. Ses restes sont officiellement dans l’ossuaire de Douaumont.

Mouton Paul Joseph, né le 16 juin 1895, fils de Jean Baptiste et Félicie Tatin, fut incorporé au 99e régiment d’infanterie, 3e compagnie de mitrailleuses. Casernée à: Lyon et Vienne ; 55e Brigade d’infanterie; 28e Division d’infanterie, d’août 1914 à nov. 1918; 14e Corps d’Armée. 1914 Opérations dans les Vosges : Schirmeck , Wish Les victoires de Lorraine : Vallée de la Bolle , Col d’Anozel , Ban-de-Sapt – Course à la mer : Fouconcourt , Herleville (25-26 septembre) Reprise de l’offensive : Attaques de Fay et du Bois Etoilé – 1915 Bataille de Champagne : Le Trou Bricot (25-30 sept.) – 1916 Bataille de Verdun : secteur du Saint-Michel (20 avril – 17 mai). C’est la qu’il a été tué, au ravin de la Dame, près la ferme Thiaumont, à Douaumont, le 7 mai 1916, à 7 h du matin. Son corps n’ayant pas été identifié, ses restes sont dans l’ossuaire de Douaumont.

Richaud Raoul Félix, né le 28 mai 1890, fils de Jean François, et de Marie Rome. Clairon au 415 ° régiment d’Infanterie, constitué en mars 1915, à Marseille, 155e DI en avril 1915, puis à la 27e DI de mai 1915 à nov. 1916. 1915 Bataille de Champagne (25-28 septembre) 1916 Bataille de Verdun : Douaumont , Bois de la Laufée , Vaux , Chesnois (juillet-oct). C’est à Douaumont à la ferme Thiaumont qu’il a été tué par un obus le 27 mai 1916. Son corps n’ayant pas été identifié, ses restes sont dans l’ossuaire de Douaumont.

Scouarnec André, né le 19 mai 1887 à Toulon, fils de André et Pauline Robert, fut incorporé au 297° régiment d’infanterie, 20° compagnie, caserné à Chambéry. 129e DI, de juin 1915 à novembre 1918. Il participa en 1914 Victoires de Lorraine : La Mortagne (mi – septembre) – 1915 La 5e Armée à Reims : Le Linguet (7 janvier)Bataille de Champagne : nord ouest de Souain (6 octobre) – 1916 Reprise des Forts de Douaumont et de Vaux : Thiaumont (juillet – octobre) – C’est la qu’il fut tué le 27 juin 1916 dans le secteur de Froide Terre. Son corps n’ayant pas été identifié, ses restes sont dans l’ossuaire de Douaumont.

Andru Aimé Paul, né le 7 février 1895, fils de Henri et Marthe Tatin, incorporé au 414°régiment d’Infanterie, constitué en 1915 à Montluel, dans l’Ain, constitué de conscrits de la classe 1915, pour trois cinquièmes, et de soldats aguerris revenus du front. En 1915 ils sont en opérations en Artois : plateau de Lorette, Vallée de la Souchez (septembre à novembre) – 1916 Seppois (début 1916), Forts de Douaumont et de Vaux, secteur de Tavannes (31 juillet – 6 août). Tavannes était un fort de la première ceinture de Verdun. C’est là qu’il fut tué le 3 août 1916 à 9 heures. Son corps n’ayant pas été identifié, ses restes sont dans l’ossuaire de Douaumont.

L’ossuaire de 137 m de long est constitué de 22 alvéoles, contenant 46 tombeaux en granit. Chaque tombeau représente un secteur du champ de bataille. Les six Rosanais, dont on vient de parler, sont en principe dans le tombeau ci-dessous.

Ossuaire de Douaumont – Cloître – Secteur de Thiaumont

La bataille de la Somme

Cornillac Hippolyte Henri, né le 15 juin 1896 à L’Epine, fils de Armand, et de Eugénie Roux. Incorporé au 159° régiment d’Infanterie Alpine, caserné à Briançon. Il participa aux opérations d’Alsace, en août 1914, puis son régiment, qui semble s’être déplacé en Champagne, et vers l’Artois, participa aux offensives de février, et mai 1915. 1916 bataille de Verdun : Vaux en mai, Danloup en octobre. Puis à la bataille de la Somme, à Barleux du 4 au 6 septembre, C’est la qu’il est tué le 22 octobre 1916 à 20 heures à Biaches. C’est là qu’il repose, son corps n’ayant pas été identifié, dans l’ossuaire de ce village.

Gaud Albert Emile, né le 11 janvier 1895, fils de Pierre et Célina Effantin. Il fut incorporé au 12° bataillon de chasseurs alpins, caserné à Embrun. Ce bataillon fera partie de la 66°, puis de la 47° Division d’Infanterie. Présent dans les opérations d’Alsace dès 1914, il participa à la course à la mer à Fontconcours et Herleville, les 25 et 26 septembre. Puis en mars 1915 dans les Vosges à Reichackerkopf, aux opérations au Linge, en juin.

Revenu dans la Somme il est blessé le 24 juillet 1916 à Curlu, localité située à 10 Km à l’ouest de Peronne. Il est décédé deux jours plus tard, le 26 juillet à l’ambulance 1/20, SP 195, à Etinehem, sur la rive gauche de la Somme. C’est là qu’il repose dans la nécropole nationale de ce village, sous le numéro 376.

Cette nécropole de 4240 m² accueille 995 soldats français, tués entre juillet et octobre 1916. Un certain nombre de musulmans y sont enterrés, la croix remplacée par le croissant (tâches blanches entre les croix). Un carré est réservé à 49 Britanniques, tués en 1918.

1917 – 1918

Arnaud Émile est donné sur le monument pour mort en 1917. La mairie de Rosans n’a reçu aucune notification le concernant. Il existe bien un Arnaud Emile Aimé, né le 7 mai 1871, fils de Jean François, et d’Aline Faure. Le site du ministère de la guerre n’en fait pas état. Si c’était lui il serait mort à 46 ans ? 

Pieroni Louis, né le 23 septembre 1890 à Marseille, fils de Marie Pieroni. Incorporé au 297° régiment d’Infanterie, 23° compagnie, constitué en 1914, et caserné à Chambery. 129e DI de juin 1915 à novembre 1918. – 1914 Victoires de Lorraine : La Mortagne (mi – septembre) – 1915 La 5e Armée à Reims : Le Linguet (7 janvier). Bataille de Champagne : nord ouest de Souain (6 octobre) – 1916 Reprise des Forts de Douaumont et de Vaux : Thiaumont (juillet – octobre). Des soldats du 44e RIT furent affectés au 297e RI en juin 1917 – 1917 Le Chemin des Dames (avri l- mai) Vauxaillon (13 août), Aisne : La Malmaison (fin octobre). C’est au bois 160, près de Vauxaillon, dans l’Aisne, qu’il est mort le 27 octobre 1917. Il repose dans la nécropole nationale de « Bois Roger » à Ambleny, dans les Ardennes (02), carré H, tombe 106. Dans cette nécropole reposent 10 601 soldats, dont 3076, non identifiés, dans un ossuaire. Une autre nécropole, située à Vauxaillon, a recueilli 1909 corps, dont 64 en ossuaire.

Beraudon Jean Martial, né le 12 novembre 1898 à Marseille, fils de Jean Baptiste, et de Marie Bernard. Incorporé au 29° régiment d’Infanterie, caserné à: Autun ; 32e Brigade d’Infanterie 16e Division d’Infanterie, d’août 1914 à janv. 1917 ,puis à la 169e DI jusqu’en novembre 1918. 1914 Bataille de Morhange : Bataille de Sarrebourg Bataille de la Woëvre et des Hauts-de-Meuse : Apremont (21-22 sept.), Bois d’Ailly (fin sept.) – 1915 Opérations d’avril en Woëvre : Remeunauville , Regniéville , Fey en Haye (3 avril) Saint-Mihiel – 1916 Bataille de Verdun – 1918 Picardie : Assainvilliers , Faverolles ( 8 août), le Cessier, les Loges (10 -16 août), Offensive Nesle-Ham : Saint-Simon, Avesnes (8 septembre), Essigny le Grand (19 septembre) Urvilliers (29 septembre). Il a été tué le 31 mars 1918 à Vrigny, dans la Marne. Son corps n’ayant pas été identifié, il repose dans un ossuaire.

Pinet Frédéric, né le 20 mai 1887, fils de Frédéric et Victoire Armand, a été incorporé, au 4° régiment du génie, à Grenoble, du 7 octobre 1908, au 25 septembre 1910. Rappelé le 4 août 1914 au même régiment, il fut détaché le 12 février 1916 au 3e régiment du génie, 2/52° compagnie. Caporal, le 15 juin 1916, croix de guerre, cité à l’ordre de la 45e division algérienne, en février 1915. Il fut tué, par un éclat de bombe, le 22 juillet 1918, à 1 heure, à Jaugonne, dans l’Aisne. Sa compagnie était chargée d’assurer le passage de la Marne, et de réparer les passerelles en mauvais état. Il a été inhumé au cimetière n°2 de Soupir (02) ; sa tombe porte le numéro 977.

pinet croix
pinet médaille militaire
pinet carte
pinet lettre
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Lombard Ernest Léon Étienne, né le 14 juillet 1895, fils de François et de Caroline Of. Incorporé au 52 ° bataillon de chasseurs Alpins. Reformé, pour infirmité contractée au service, il est mort à Rosans, le 29 septembre 1918.

Bernard Alfred Louis, né le 4 mars 1879 à Establet, fils de Jean et Marie Naud. Incorporé au 261° régiment d’Infanterie, caserné à Aix ; 150e Brigade d’Infanterie; 75e Division d’Infanterie; 15e Région. A la 75e DI d’août 1914 à nov. 1914, puis à la 42e DI de juin 1915 à juillet 1915 puis à la 64e DI jusqu’en novembre 1918 – 1914 Bataille de la Marne (5 au 13 septembre) Heippe (7 septembre) Saint-André en Barrois (10 septembre) – 1915 Opérations en Argonne (mai – novembre) : Bagatelle – 1916 Bataille de Verdun : Avocourt (26 juin – 4 juillet), Mort-Homme (août), Cote 304 (28-29 décembre) – 1917 Front italien: Monte Tomba, Monfénéra (novembre – décembre) – 1918 Somme: Guyencourt, l’Avre, Castel (10 avril – 5 mai) L’Ailette, Courson, Attaque de La ligne Hindenburg (août-septembre). Il fut tué le 6 octobre 1918, à 10 heures, à Neuville Saint-Amand, dans l’Aisne. Il avait beaucoup voyagé. Son corps n’ayant pas été identifié, il repose dans un ossuaire.

Pellat François Joseph Amédée, né le 30 mars 1876 à Montjay, fils de François et Marie Taxil, notaire, et adjoint au maire, était caporal a la 14° section d’Infirmiers militaires, à l’hôpital n°1 (Lycée de Gap). Il est mort le 25 novembre 1918, à Rosans, certainement de maladie. Il avait bénéficié d’une permission spéciale pour enregistrer des souscriptions, à l’emprunt national de 37 jours, du 20 octobre au 25 novembre 1918. Heureusement l’emprunt était terminé.

Sinard Louis, qui figure sur le monument, est mort en 1920, à l’hôpital militaire de Lyon. il était marié à Maria, et avait plusieurs enfants.

Peyre Joseph Théophile, né le 15 mars 1895, de Théophile, et de Joséphine Marcellin, est mort à Chamqueyras, hameau de Raton, des suites de maladie contractée aux Armées.

Bourdellon Ernest Auguste Cyrus, né le 14 janvier 1885, fils d’Auguste et de Thérèse Latard a été rajouté après les autres. Sa fiche officielle indique qu’il faisait partie, à sa mort, du 231° régiment d’artillerie, que l’on retrouve, en 1917 et 1918, aux points sensibles suivants. 1917 Le Chemin des Dames (juin) , Aisne : La Malmaison (fin oct.). 1918 Monts des Flandres, le Scherpenberg (20 mai), Oise, Guiscart (10 août). On ne sait rien de son parcours antérieur. Il est mort le 12 août 1918 à « Ambulances 224, à Epineux, dans l’Oise, suites de blessures de guerre ». Comme il habitait avant la guerre Marseille, la mairie de Rosans n’a pas été informée de son décès. Le lieu de sa sépulture n’est pas indiqué.

En réalité, si les fils Bégou sont les seuls dont les corps ont été rapatriés, ils ne sont pas les seuls poilus de cette guerre à reposer au cimetière de Rosans : trois autres soldats, sont morts à Rosans, des suites de leurs blessures : Ernest Lombard, le 29 septembre 1918; Joseph Firmin Galland, le 29 septembre 1918; Theophile Peyre, le 21 juillet 1920. Louis Sinard, qui figure sur le monument, n’est pas mort à Rosans, mais à Lyon, hospitalisé pour des problèmes pulmonaires, dus à la guerre.

Ernest Pelloux, décédé le11 decembre 1929, était facteur.                 

Son nom ne figure pas sur le monument, érigé en 1920.

Sa photo est intégrée sur le caveau de sa famille, au sud-est du cimetière, en bas à gauche.

Plusieurs veuves touchaient une pension, la plupart ne se sont pas remariées, pour la conserver. Augusta Pelloux, Gabrielle Galland, qui avait deux filles Jeanne, et Louisette, qui, un peu naïve, avait des problèmes de santé. Maria Sinard, qui en plus de ses deux filles légales, récolta une autre fille, et un garçon, de ses rencontres incertaines.

Enfin Alexandrine Marie Louise Renon, fille des Hospices de Marseille, section des abandonnés, qui, élevée à la Beaumelle, fut, dans un certain sens, une victime civile de la guerre. C’était une personne très sympathique, très ouverte, qui avait une excellente réputation dans le village. Mariée en mai 1907 avec Gabriel Triollaire, dit « le grand Gabriel » à l’époque cantonnier, elle avait trois enfants, dont deux jumeaux. Celui-ci, mobilisé, revenant en permission, trouva sa femme enceinte de son voisin Théophile Peyre, pourtant lui aussi aux Armées. Son sang ne fit qu’un tour, il prit son fusil, tira, lui sacrifiant un œil. Divorcée, « à ses torts et griefs » en mai 1918, Alexandrine, abandonnant son patronyme Renon, qui ne figure plus sur les registres, se remaria, en août 1918, avec Théophile Peyre, qui reconnut une fille, Marie Rose, née le 22 mai 1915. Malheureusement Théophile, rattrapé par la guerre, mourut des suites de ses blessures. Alexandrine, devenue veuve de guerre, se mit alors en ménage, pour ne pas perdre sa pension, avec Clément Peyre, qui, facteur, était frère du précèdent : elle en eut un fils, André. Clément mourut à son tour, et Alexandrine, se mit à nouveau en ménage avec un veuf, maçon, qui avait déjà trois enfants, elle en eut sa dernière fille.

Il ne faut pas oublier, dans ce contexte, ceux qui revinrent avec une blessure de la guerre. Citons Raoul Brun, né à Moydans, et Hubeau, de St-André, tous deux facteurs, qui avaient perdu un bras. Joseph Bégou, mon père, et Émile Armand, de la rivière de Chauvac, qui n’avaient plus qu’un seul œil.

Gaston Richier, enfant de l’Assistance Publique, à la fois tambour municipal, bedeau, et préposé aux douches municipales, qui, blessé à une jambe, boitait. Médard Faure, qui était facteur, prétendait qu’il avait dans les poumons un éclat de balle, qui le faisait souffrir dans certaines circonstances. Malgré de nombreuses réclamations et démarches, de nombreuses radiographies, et examens, l’autorité militaire ne reconnut jamais cette blessure, et, après sa mort, personne ne demanda une autopsie.

Malgré l’horreur de cette guerre, il y avait beaucoup de survivants, mais tous étaient tellement traumatisés par leurs souvenirs qu’ils n’en parlaient jamais.

Sur la photo à gauche datant de 1930 environ à l’occasion de la réunion cantonale des anciens combattants de la guerre de1914/1918, les trois veuves de Guerre, dont Gabrielle Galland, Augusta Pelloux, et sa fille Marie-Rose. Toutes deux en noir elles avaient perdu leur époux et père, l’année précédente.

Quelques enfants assis, dont Lucien Pinet (complètement à gauche) Fernand Pinet, Raymond Serres, Antoine Truphémus, Clovis Lombard, Gustave Pellerey, et Pierre Arnaubec (complètement à droite). Lucien Pinet, et Pierre Arnaubec seront victimes de la guerre suivante.

Dans les bras de leurs pères, au centre de la photo, Édouard Bégou, entre les jambes de son père Joseph, et Marinette Moulet, dans les bras de son oncle Henri Andru.

                             

  @16 juin 2006 Édouard BÉGOU