- Origine du patronyme BÉGOU
- Fréquence du patronyme BÉGOU
- Le berceau des familles BÉGOU, la Bâtie-des-Fonts
- la catastrophe de 1936 qui emporta le village
- Les paroisses de la Drôme et des Hautes-Alpes, d’où sont originaires tous les BÉGOU de France et de Navarre, un essaimage ?
- Généalogie d’Édouard BÉGOU
- La généalogie d’Édouard BÉGOU est consultable ici sur Geneanet
- La généalogie de son épouse Paulette MOINE est consultable ici sur Geneanet
- Des histoires étonnantes survenues à deux de mes aïeuls
- la sombre histoire d’Ambroise CHABERT, aubergiste à Corps (38)
- Une étrange maladie à Veynes en 1630, vue par André RANCOU, un de mes ancêtres
Origine du patronyme BÉGOU
L’origine et la signification de ce nom ne sont pas du tout connues : le sens même du nom n’est pas très clair, mais … il le sera peut être un jour, me dit Jean Tosti.
Il pourrait être d’origine celtique : Il est démontré que les Celtes, premiers habitants de ces contrées, ont baptisé la plupart des sites géographiques : sommets, rivières.
D’autre part dans les langues celtiques, comme le gaulois ou le breton d’aujourd’hui, la terminaison « OU » est la marque du pluriel.
- Le mot « beg », pluriel « begou », signifie pointe, extrémité, sommet, bec.
- Le suffixe « -eg » désigne un ensemble : par exemple guezeg signifie forêt : un ensemble d’arbres.
- OU, en terminaison, se retrouve souvent dans des noms régionaux. Par exemple : « ode », pluriel « odou », signifie « brèche, col » ; « mare », pluriel « maro », signifie « moment, période ». D’autres encore dont la signification ne nous est pas connue : Guigou, Miellou, Dupou, etc.
Mais, me dit encore Jean Tosti, les racines celtiques existent uniquement dans les noms de lieux. Les noms de famille sont beaucoup trop tardifs pour avoir conservé une étymologie celtique. Sauf si ce nom a d’abord été un nom de lieu : par exemple Montlahuc, qui est un hameau de Bellegarde-en-Diois (26). Ce nom apparaît en 1231 sous la forme Mons Lugdunus (cité par M. T. Morlet), ce qui lui donnerait une origine semblable à celle de Lyon. Lugdunum : le mont ou la forteresse de Lug, qui est une ancienne divinité solaire, selon la version la plus couramment admise.
Nous n’avons pas encore trouvé, hélas, de lieu correspondant pour BÉGOU.
Pour en revenir à BÉGOU et à l’occitan, il y a un accent tonique sur la première syllabe et le « OU », qui est un OU ouvert, se prononce à peine. C’est pour cette raison que l’on trouve dans les vieux registres quelquefois BEGUE, au lieu de BÉGOU. À La Bâtie-des-Fonts, le curé Brunier, venu sans doute du « nord », a d’octobre 1669 à 1689 écrit tous les noms sous cette forme. Lui disparu, on ne la retrouve plus par la suite : certains nés BEGUE pendant cette courte période, se marieront et seront enterrés BÉGOU.
Alors qu’en Français (qui n’a pas d’accent tonique, mais seulement un accent de phrase) les deux syllabes se prononcent de façon égale, l’accent sur la première remplaçant, en l’atténuant, l’accent tonique.
Si l’on se réfère au dictionnaire cité plus haut, on trouve « bec » qui renvoie au « beg » celtique, et qui signifie sensiblement la même chose : bec, contre-fort de montagne. Mais rien de significatif à « beg.. » si ce n’est : bega = gesse ; begaire = regain ; begol = cri de douleur ; beguda = boisson. La liste des mutations ne donne rien. La formation, ou l’adaptation des mots, préfixes, suffixes, etc. ne révèle rien non plus.
Nous devrons attendre de nouvelles interprétations pour vraiment savoir.
La fréquence du patronyme BÉGOU en France
BÉGOU était à la fin du 19-ème siècle au 8000-ème rang des 675.000 noms différents répertoriés en France. Il est aujourd’hui au 13.000-ème rang, mais il y a aujourd’hui 1.320.000 noms. Évolution depuis 100 ans : – 14 %.
On peut estimer qu’il y a en France de 600 à 900 personnes qui portent le nom de BÉGOU, estimation faite d’après le nombre des abonnés au téléphone portant ce nom, c’est à dire 377, en tenant compte de toutes les variantes d’orthographe fantaisistes e, é, è, et terminaisons en t, d, x, s, totalement aberrantes.
Entre 1891 et 1990, 809 naissances ont été déclarées en France.
Toutes ces personnes sont réparties sur 48 départements, ce que l’on peut comparer aux statistiques pour l’ensemble des noms de famille :
- 53,55 % des noms sont répartis sur 1 département
- 13,42 % des noms sont sur 2 départements
- 7,10 % des noms sont sur 3 départements
- 4,61 % des noms sont sur 4 départements
- 3,22 % des noms sont sur 5 départements
- 2,42 % des noms sont sur 6 départements
Notre estimation de 600 à 900 personnes portant le patronyme BÉGOU (avec variantes orthographiques) est aussi à comparer aux autres noms de famille :
- 7 % seulement des noms en France sont portés par plus de 500 personnes.
- 26 % ont de 100 à 500 porteurs
- 19 % ont de 50 à 100 porteurs
- 48 % des noms ont moins de 50 porteurs
La répartition en pourcentage (colonne A) des BÉGOU dans les différentes régions, hier et aujourd’hui, est montrée dans le tableau ci-dessous. Elle
montre un déplacement vers Lyon et Paris au détriment de Marseille, moins attractive aujourd’hui. Le deuxième chiffre (colonne B) indique le pourcentage de la population de chaque région par rapport à la France entière.
au XIX siècle | Aujourd’hui | |||||
---|---|---|---|---|---|---|
Rang | A | B | Rang | A | B | |
Provence-Côte d’Azur | 1 | 40,91% | 6,16% | 2 | 34,70% | 7,29% |
Rhône-Alpes | 2 | 29,80% | 7,75% | 1 | 36,66% | 8,71% |
Aquitaine | 3 | 11,11% | 6,44% | 6 | 3,76% | 5,09% |
Ile-de-France | 4 | 6,06% | 14,77% | 3 | 9,33% | 22,64% |
Languedoc-Roussillon | 5 | 6,06% | 3,56% | 4 | 5,07% | 3,53% |
Midi-Pyrénées | 6 | 4,04% | 4,56% | 5 | 4,26% | 4,67% |
Pays de la Loire | 7 | 0,51% | 4,18% | 10 | 0,65% | 3,48% |
Picardie | 8 | 0,51% | 3,51% | |||
Lorraine | 9 | 0,51% | 5,61% | 0,65% | 4,77% | |
Nord-Pas-de-Calais | 10 | 0,51% | 5,16% | |||
Centre | 11 | 0,00% | 0,05% | 7 | 1,15% | 4,60% |
Auvergne | 12 | 0,00% | 0,03% | 8 | 0,82% | 2,34% |
On ne connaît pas de Bégou devenu illustre ou célèbre, pour quelque raison que ce soit.
On peut citer cependant quelques notaires vers 1780, un chirurgien, et Claude, maire des Prés (26), qui a racheté les biens nationalisés de l’Ordre de Malte pour 20 000 livres.
Plus récemment le chef d’orchestre de la Radio à Lyon, vers 1950, s’appelait Pierre Bégou, et Georges Bégou fut un journaliste spécialisé dans le théâtre à Antenne 2 dans les années 1990. Sans être célèbres ils étaient plus ou moins connus du public.
Finalement le plus curieux est Joseph Bégou : en effet on note à son sujet que l’ordre avait été donné, le 22 août 1796, de transporter la guillotine de Gap à Embrun pour le guillotiner. C’est tout ce que j’en sais pour le moment. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne s’agit pas de mon père qui portait aussi ce prénom.
Le berceau des familles BÉGOU, la Bâtie-des-Fonts
La commune de La Bâtie-des-Fonts dans la Drôme semble être la meilleure candidate pour ce titre. Cette commune comporte deux agglomérations, le Bourg à 1100 m d’altitude, et le hameau de Chamel à 1200 m, distants de 2,7 km environ.
C’est dans cette commune que se situent les sources de la Drôme, ce qui justifie que l’on écrive Fonts, et non pas Fonds, comme on le voit parfois.
Une chaîne montagneuse de 1400 à 1641 m, percée de nombreux cols, la sépare des communes des Hautes-Alpes, où beaucoup de BÉGOU ont essaimé.
D’après les registres paroissiaux, qui s’étendent de 1660 à 1795, il existe à La Bâtie de très nombreuses dynasties de BÉGOU. Sur les 1409 actes de Baptêmes, Mariages et Sépultures, qui figurent sur ces registres, 588 concernent le patronyme BÉGOU, soit plus de 41 % . À La Piarre, qui est la commune des Hautes-Alpes la plus proche, au-delà du col de Carabès, il n’y a que 8 % des naissances, et 15 % des mariages, qui concernent un BÉGOU.
En observant d’abord les 25 premières années des relevés, soit de juin 1669 à juin 1684, on remarque (mais il n’y a pas beaucoup de recul) que 15 mariages sur 31 impliquent des BÉGOU, et que 20 couples s’appelant BÉGOU ne sont pas directement parents. Une deuxième période, couvrant 15 ans, de 1760 à 1775, fait apparaître, entre mariages et naissances, 24 couples sans aucune liaison de parenté visible, même en considérant les générations précédentes.
Des surnoms de différentiation, ou noms d’usage, se sont révélés indispensables dès le 17e siècle pour distinguer les différentes familles :
- COLET (83 noms), apparu en 1697, qui peut signifier « petite colline », et transformé en COULET en 1729
- SORNI (62 noms) en 1710, qui peut signifier « ténébreux, grave », et devenu SORNY en 1751
- BOYER (20 noms) vers 1750, qui fait peut-être référence à un conducteur de bœufs
- AUSSELIER, qui signifie « oiselier » et plus sûrement « évaporé », en 1758
- puis … PATAT (retrouvé aussi avec CHABAL) qui peut soit signifier « guenilles », soit « lourdaud ».
Il ne faut pas attacher une trop grande importance à ces surnoms , car il ne sont employés, ni avec une grande logique, ni de façon systématique.
En 1698 Pierre BÉGOU est indiqué comme châtelain. On trouve ensuite Laurent, époux de Jeanne Gabrielle de Colombe, indiqué comme notaire. Et c’est Pierre, époux de Jeanne Monge, qui déclarera en 1736 son fils Antoine « BÉGOU-la-BATIE », alors que les trois enfants précédents nés en 1727, 1730 et 1733 ne sont déclarés que BÉGOU.
En 1793 Claude BÉGOU achète, aux Prés, les biens nationaux appartenant à l’Ordre de Malte, pour la somme de 26 000 livres. Il les revendra ensuite à ses concitoyens. Il fut maire des Prés jusqu’en août 1826 : il est décédé en 1856 chez un de ses fils à La Beaume. Je n’ai pas trouvé trace du décès de sa femme.
Il n’y a plus de BÉGOU à La Bâtie depuis le début des années 1940. Les derniers furent Jean Pierre BÉGOU et sa femme Liberté. Facteur dans la plaine, sa femme institutrice, il revint s’installer à La Bâtie, à cause de deux de ses fils handicapés. Il avait au moins deux autres filles.
Un de ses petit-fils, Luc, m’avait signalé que le village avait été emporté en 1936 par une coulée de boue, étalée sur de longs mois : seule la maison de son grand-père, l’école-mairie, après le pont, et quelques remises restèrent debout. Son grand-père ne s’en remit pas et décéda peu après. La ferme fut vendue, sa grand-mère alla finir ses jours à Vienne, chez une de ses filles.
Ce glissement de terrain, très lent, s’étalant sur plusieurs semaines, a emporté la plus grande part du village. Il n’a heureusement pas fait de victime.
Ci-dessous le village avant la catastrophe et ce qu’il en reste en 2008 :
Une carte postale du village de La Bâtie-des-Fonts, avant la catastrophe.
On distingue le clocher de l’église, et au dessus les maisons qui n’ont pas été détruites.
Une autre carte postale, avec un angle légèrement différent.
Elle est prise de la route du col de Carabès. On voit le bord de la route en bas à droite.
Le site du village, en août 2008, pris de la nouvelle route du col de Carabès. La végétation a envahi l’ancien site du village. On reconnaît en haut et à gauche les seuls bâtiments qui ont résisté à l’éboulement.
Les paroisses de la Drôme et des Hautes-Alpes, d’où sont originaires tous les BÉGOU de France et de Navarre, un essaimage ?
Nombre d’actes enregistrés dans les paroisses de Haute-Provence, où l’on trouve ce patronyme, entre le début des registres (1605 à 1768 suivant les paroisses) et 1802, y compris depuis 1550, dans un certain nombre d’actes notariaux.
Communes / Paroisses | Début | Baptêmes | Mariages | Sépultures |
---|---|---|---|---|
Aspremont ( 05 ) | 1694 | 110 | 27 | 29 |
Aspres-sur-Buëch ( 05 ) | 1680 | 19 | ||
Bellegarde ( 26 ) | 8 | |||
Bruis ( 05 ) | 1707 | 3 | ||
Buis-les-Baronnies ( 26 ) | 3 | |||
Establet ( 26 ) | 6 | 4 | 3 | |
La Bâtie-des-Fonts ( 26 ) | 1670 | 363 | 109 | 122 |
La Bâtie-Montsaléon ( 05 ) | 1680 | 8 | 10 | 5 |
La Beaume-des-Arnauds ( 05 ) | 1711 | 1 | 80 | |
La Faurie ( 05 ) | 1757 | 11 | ||
La Motte-Chalencon ( 26 ) | 1542 | 16 | ||
La Piarre ( 05 ) | 1696 | 137 | 64 | 87 |
L’Epine ( 05 ) | 1730 | 3 | ||
Les Prés ( 26 ) | 1692 | 6 | 11 | 11 |
Luc-en-Diois ( 26 ) | 1717 | 11 | 8 | 6 |
Merindol-les-Oliviers ( 26 ) | 3 | |||
Montbrand ( 05 ) | 1739 | 11 | 19 | |
Montjay ( 05 ) | 3 | |||
Montmaur ( 05 ) | 5 | |||
Montmorin ( 05 ) | 1702 | 8 | ||
Nyons ( 26 ) | 5 | |||
Rémuzat ( 26 ) | 1659 | 11 | ||
Rosans ( 05 ) | 1692 | 57 | 22 | 5 |
Saint-André-de-Rosans ( 05 ) | 1779 | 8 | ||
Serres ( 05 ) | 1605 | 1 | 27 | 5 |
Sigottier ( 05 ) | 1607 | 37 | 17 | 27 |
Valdrôme (26 ) | 4 | |||
Veynes ( 05 ) | 1638 | 46 | ||
Communes diverses | 4 | 47 | 4 | |
Totaux | 751 | 601 | 299 | |
Données mises à jour le 21 mai 1999 |
Compilation effectuée par Édouard Bégou, grâce aux relevés de :
Suzanne et Gaston CANU, Jeanne et André SARRE, Marcelle ORCIER, G. BLANC, Marie BONNARD, que je remercie pour leur travail.
Généalogie d’Édouard BÉGOU
Schéma des déplacements de mes ancêtres
La généalogie d’Édouard BÉGOU est consultable ici sur Geneanet
et les déplacements des ancêtres de mon épouse Paulette MOINE en Bresse Bourguignonne (Saône et Loire – 71)
La généalogie de Paulette MOINE est consultable ici sur Geneanet.
Des histoires étonnantes survenues à deux de mes aïeuls
- la sombre histoire d’Ambroise CHABERT, aubergiste à Corps (38)
- Une étrange maladie à Veynes en 1630, vue par André RANCOU, un de mes ancêtres
Édouard BÉGOU – décembre 1998 – novembre 2008